Énergie solaire – L’élément central de la palette énergétique du futur

Au premier coup d’œil, l’apport du solaire dans le mix énergétique mondial peut sembler négligeable et il est difficile de contester ce fait. Malgré tout, alors que les énergies renouvelables progressent à des niveaux record année après année, l’Amérique, l’Europe ou l’Afrique sont pleinement conscientes de l’importance que prendra bientôt le dieu soleil dans la consommation planétaire.

Ce même soleil que nous prenons trop souvent pour acquis n’a pourtant aucun égal dans le monde que nous connaissons. Considérez ces chiffres offerts par le site Futura-Sciences : annuellement, la Terre reçoit environ 1 070 000 pétawatts-heures d’énergie solaire (PWh = 1015Wh), soit plus de 8000 fois la consommation énergétique mondiale. Suivant ces données, les scientifiques estiment que l’exploitation de seulement 0,01 % de cette énergie couvrirait l’ensemble des besoins énergétiques de l’humanité au grand complet.

Qu’on parle de pétrole, d’éoliennes, de gaz ou de solaire, la réalité planétaire impose deux défis majeurs pour les prochaines décennies : répondre à une demande mondiale sans cesse croissante et limiter les effets du réchauffement climatique. Beaucoup sont ceux qui croient que l’énergie solaire est le fer de lance sur lequel il faudra s’appuyer et compter pour remplir ces deux indissociables missions. Reste qu’une photo instantanée de l’année 2015 offerte par le site Planète-Énergies montre que nous partons de bien loin.

«La part de l’énergie solaire, le photovoltaïque et l’énergie thermique, dans la consommation finale d’énergie est aujourd’hui dans l’épaisseur du trait. Sur plus de 12 milliards de tonnes équivalent pétrole (tep) consommées dans le monde, l’énergie solaire (chaleur et électricité) fournit 87 millions de tep, soit 0,7 % du mix énergétique mondial. Les énergies fossiles sont hégémoniques ; elles représentent plus de 78 % du mix. Si l’on considère seulement l’électricité, le solaire photovoltaïque équivaut à 0,5 % de la génération électrique mondiale. »

En dépit de ce constat plutôt pessimiste pour la ressource, l’heure est plutôt à l’optimisme. La progression de l’énergie solaire dans le monde est exponentielle et certains experts avancent qu’elle constituera 80 % de l’énergie produite sur la planète à l’horizon 2100. À plus court terme, d’ici 2020, le seul photovoltaïque fera plus que tripler, couvrant alors 2,2 % de la production électrique mondiale, une part qui devrait franchir les 50 % dans le seconde moitié du présent siècle.

Pareil pronostique se reflète déjà dans les investissements réalisés un peu partout sur le globe, un essor fulgurant qui touche d’ailleurs toutes les énergies «vertes» et renouvelables. C’est ce que démontre le «Rapport sur le statut mondial des énergies renouvelables 2016» publié le 1er juin dernier par le réseau international REN21.

« Fin 2015, la capacité d’énergie renouvelable installée dans le monde atteignait 1 849 gigawatts (GW), en hausse de 8,7 % sur un an. Cet essor a été principalement porté par l’éolien (433 GW, + 17 %) et le solaire photovoltaïque (227 GW, + 28 %), ces deux filières assurant à elles seules les trois quarts de la croissance globale. Autre indicateur au vert : les investissements mondiaux dans les renouvelables ont atteint eux aussi un niveau record, de 286 milliards de dollars (256 milliards d’euros). Fait notable, ce montant est plus de deux fois supérieure aux dépenses consacrées aux nouvelles installations utilisant le charbon et le gaz (130 milliards de dollars). Pour la première année, les investissements des pays émergents et en développement ont dépassé ceux des pays avancés (156 milliards contre 130 milliards). »

PLEIN SOLEIL SUR LES USA

Si la Chine (15,5 %) et l’Allemagne (15,2 %) dominent le palmarès des nations productrices d’énergie solaire (253 TWh au total), plusieurs seront surpris d’apprendre que les États-Unis viennent de ravir la troisième position mondiale au Japon (12,2 %) avec 14 % de la production d’énergie solaire photovoltaïque sur la planète. Un essor fulgurant qu’il faut imputer aux politiques de la précédente administration américaine de Barack Obama qui a vu les coûts de la ressource chuter de 80 % durant ses huit années à la Maison Blanche. Et alors que son successeur Donald Trump qualifie de «désastre» les investissements réalisés dans les énergies renouvelables, la notion de «fake news» (fausses nouvelles) prend ici tout son sens !

«En 2016, les États-Unis ont installé l’équivalent de 13,9 gigawatts d’énergie solaire [de quoi alimenter 2,3 millions de foyers, NDLR]. Cela représente une croissance de 85% par rapport à l’an dernier, qui était déjà une année record», explique au journal Le Temps Alex Hobson, la porte-parole de SEIA, le syndicat américain du solaire, en ajoutant que 51 000 emplois ont été créés dans le domaine en 2016 pour un total de 286 335 Américains travaillant dans cette industrie, un nombre que le SEIA s’attend à voir doubler d’ici 2020.

Les données sont claires : le secteur de l’énergie solaire croît 17 fois plus vite que l’économie américaine, le nombre d’emplois associés est plus élevé que le total des industries du charbon, du pétrole et du gaz combinés, des emplois qui sont aussi beaucoup mieux rémunérés. Le plus étonnant, c’est que les Américains ne sont qu’au tout début du cycle solaire, un état des lieux qui convainc même de richissimes hommes d’affaires comme Elon Musk, le patron de Tesla, de se lancer dans l’aventure avec sa société Solar City. Et le constat fait par son entreprise est frappant !

« Les États-Unis pourraient satisfaire la totalité de leurs besoins en électricité grâce à une source énergétique renouvelable disponible en quantité illimitée : le rayonnement du soleil. Pour atteindre cet objectif, il suffirait, selon la société Solar City, que les États-Unis recouvrent 0,6 % de leur territoire avec des panneaux solaires. […] Après une simple multiplication, Solar City arrive à la conclusion que 6 901 824 acres (soit quelque 27 930 km²) recouverts de panneaux solaires permettraient de générer suffisamment d’électricité pour répondre à la demande nationale annuelle des États-Unis. Et ce, sans émettre une seule tonne de gaz à effet de serre. »

Si la chose est bon pour la première économie mondiale, pourquoi ne le serait-elle pas pour le reste de la planète ? C’est la question que se posera tout au long de la semaine l’équipe d’Afrique Expansion avec un regard approfondi des deux côtés de l’Atlantique, deux réalités bien différentes mais avec un objectif commun : assurer un approvisionnement énergétique durable, écologique et au meilleur coût possible.